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Pourquoi les pigeons envahissent-ils les villes ?
Metronews - 16/04/2016
DIS POURQUOI – Le pigeon est un banal concitoyen. Ce roucoulant volatile est l’un des seuls animaux à squatter les villes du monde entier, parfois jusqu’à devenir gênant. Mais pourquoi cette espèce bien particulière d’oiseaux s’est-elle installée – et prospère-t-elle – en milieu urbain ?
► Les faits
Je squatte les balcons, j’envahis les places, je peuple les corniches et colonise les trottoirs… Je suis ? Je suis ? Je suis ? Un pigeon, bien sûr. De Paris à Tokyo en passant par Venise, New-York, Dubaï ou Abidjan, en ville, ces grisonnants volatiles font partie du décor. Et ils sont presque les seuls animaux à côtoyer l’homme de si près. Pourquoi nos villes ne sont-elles pas remplies de rouges-gorges, de lapins, de papillons ou de poneys ?
► Pourquoi
⇒ L’homme et le pigeon, c’est une vieille histoire
Si le pigeon s’invite un peu trop dans nos villes aujourd’hui, c’est parce que nous l’y avons amené. En réalité, il faut remonter à la création des premières grandes cités pour comprendre l’arrivée du pigeon en ville.
La question de la semaine : pourquoi les pigeons envahissent-ils les villes ?David Azia/AP/SIPAPhoto:
Selon le site France-Pigeon, l’oiseau était originaire d’Asie et s’est vu très tôt importé en Europe et en Afrique pour sa viande, ses qualités de loyal postier (déjà reconnues il y a 3000 ans) et même sa compagnie. Peu à peu, des pigeonniers ont fleuri en milieu urbain pour que le pigeon puisse voyager à sa guise, tout en restant proche des lieux de carrefours humains.
⇒ Dans la place, pas de rapace
Mais pourquoi l’emplumé est-il resté dans les centres urbains ? Tout d’abord parce qu’en ville, point de prédateurs. Les gros oiseaux amateurs de pigeons sont bien trop imposant pour s’installer sur les fines corniches des centres villes. En clair, le pigeon l’a bien compris : en ville, il a la paix.
La question de la semaine : pourquoi les pigeons envahissent-ils les villes ?David Hartley / Rex Fea/REX/SIPAPhoto:
⇒ Le pigeon, une sexe machine
Oui, le pigeon est non seulement un incorrigible dragueur, mais aussi un chaud lapin. Il est l’un des seuls volatiles à se reproduire jusqu’à six fois dans l’année, avec en moyenne deux œufs par couvée. Un pigeon peut donc potentiellement enfanter 12 oisillons par an, et reprendre la ponte toutes les quatre semaines. Les parents pigeons (qui se répartissent les tâches) attendent une vingtaine de jours avant l’éclosion de leur progéniture, toujours dans des endroits cachés. Ces oiseaux sont estimés à quelque centaines de milliers dans les plus grandes villes.
⇒ Côté menu, ils ne sont pas difficiles
L’une des clés pour percer le "mystère du pigeon citadin" tient tout simplement à son estomac. Malgré les nombreux endroits pour s’acoquiner, les lieux sûrs loin des prédateurs ou encore l’habitude de traîner en ville, la nourriture reste le principal appât des pigeons, qui n’a d’ailleurs pas volé sa réputation de "rat volant".
Le pigeon ne fait pas fin bec et se nourrit de tout ce qui lui semble à peu près comestibles. Dans le meilleur des cas, des graines, et dans le pire, des mégots ou des ordures ménagères. Cette alimentation hasardeuse a d’ailleurs conduit l’ovipare à contracter des maladies qui ont par exemple fait chuter son espérance de vie de 30 ans à 3 ou 4 ans pour Paris. Fort heureusement pour l’espèce, les pigeons sont encore loin de disparaître.
► Conclusion
Les pigeons vivent en ville pour différentes raisons. A l’origine importé et exploité par l’homme, l'oiseau a fini par s’y installer pour se tenir à bonne distance de ses prédateurs naturels et se reproduire en toute quiétude. Aujourd’hui, il reste en ville parce qu’il y trouve à manger, y compris lorsque sa nourriture est peu ragoûtante. Les villes particulièrement envahies de pigeons réfléchissent d'ailleurs à des projets de pigeonniers urbains, notamment pour limiter les dégâts de leurs fientes, corrosives pour les monuments historiques.
Le casse-tête des pigeons à Toulouse
A Toulouse des milliers de pigeons sont tués chaque année et des centaines sont stérilisés. Les associations réclament des pigeonniers, la mairie a entamé une réflexion.
Les «anti» leur volent dans les plumes, les «pro» les couvent. En matière de pigeon, chacun à son avis : «rats volants» ou «cousin de la colombe symbole de la paix». N'étant considéré par la loi ni comme un animal domestique, ni comme un nuisible et ni comme une espèce protégée, le pigeon se trouve dans un vide juridique, et occupe l'espace urbain… C'est à la municipalité de réguler la population et de jongler entre les plaintes des Toulousains et le respect de la biodiversité.
La méthode ? Si la nuisance est avérée — fientes à l'appui — des cages sont disposées et les pigeons capturés. Dix milles sont ainsi pris dans les filets de la société Sacpa. Sur les dix mille attrapés, neuf mille sont gazés et mille sont stérilisés et bagués. Françoise Roncato, élue en charge de l'animal dans la ville explique : «Le but est de réguler la population, pas de l'exterminer. L'animal a sa place dans la ville.» Et pour se rendre compte des méthodes utilisées par la Sacpa, l'élue souhaite visiter la Sacpa courant septembre. «Une grande réflexion est engagée, poursuit Françoise Roncato. Début juillet, nous avons rencontré plusieurs représentants d'association de protection des oiseaux». Brigitte Marquet, présidente et fondatrice de l'Ambassade des pigeons s'est déplacée de Paris pour apporter des solutions alternatives à la mairie : «Mme Roncato semble avoir été attentive à nos propositions. Les services de la mairie sont influencés par les entreprises qui veulent gagner de l'argent». Et elle de décrire : «Les outils et les méthodes sont agréés par le ministère de l'environnement, mais les lois sont là pour évoluer. Le gazage peut durer jusqu'à 3 minutes, les stérilisations sont faites par des techniciens, non par des vétérinaires, et sans anesthésie. Tout ça ne résout rien et perpétue des méthodes du Moyen âge». Marie-Pierre Capdevielle, qui défend avec ferveur la cause des pigeons à Toulouse était présente lors de l'entrevue : «Quand on voit la saleté de nos rues, le pigeon n'y est pas pour grand chose, et le service d'hygiène ferait mieux de punir les auteurs de toutes les salissures de notre ville. Le nouveau maire semble favorable comme il me l'a écrit aux méthodes contraceptives, ce que refusait M. Cohen. Nous voulons pour commencer un pigeonnier contraceptif (œufs claqués ndlr) ou une action de stérilisation par quartier, et non gérée par une entreprise privée».
Pour contrôler la prolifération des pigeons dans le quartier de la Reynerie, en 2013, l'ancienne mairie avait réhabilité le pigeonnier qui n'aurait qu'une «fonction de régulation marginale, il ne remplit pas sa fonction» selon Françoise Roncato. Pour Brigitte Marquet, les pigeonniers sont la solution : «cela permettrait de circonscrire les fientes, et cela ne coûte pas si cher. L'entretien pourrait se faire par des gens en insertion ou des seniors. Nous demandons à la mairie, pendant le temps de la réflexion et jusqu'à notre prochain rendez-vous en janvier, de faire un geste de bonne volonté et de suspendre les captures». La mairie n'a à ce jour pris aucun engagement. Françoise Roncato conclut : «J'entends ce qui a été proposé, des réflexions sont à l'étude, mais il n'y aura pas des pigeonniers à outrance à Toulouse.»
www.ambassadedespigeons.com
Repères
Le chiffre : 10 000 pigeons >Capturés cette année. Dans le cadre de la politique de régulation de la population des pigeons dans la Ville rose, la SACPA, société sous convention avec la mairie, a capturé 10 000 pigeons (contre 33 000 il y a 20 ans). Sur ce nombre, 9 000 ont été tués et 1 000 ont été stérilisés. L'ablation des gonades (organes génitaux des pigeons) coûte 44 euros par animaux aux contribuables. Trois cents plaintes ont été déposées en mairie afin de signaler des nuisances liées aux pigeons.
La dépeche - 28/08/2014